Les 5 grands enjeux de l’aide humanitaire internationale
Hausse de la demande, changement climatique, limitation de la liberté associative… Voici cinq grands enjeux actuels qui traversent l’aide humanitaire internationale.
Faire face à la hausse des besoins Guerre en Ukraine, crise climatique, Afghanistan… En 2022, les besoins humanitaires sont à un niveau important. Et en 2023, ces besoins augmenteront de près d’un quart par rapport à 2022 selon l’ONU. Une personne sur 23 serait dans l’urgence, soit au total un nombre de 339 personnes à soutenir. Un record !
Dès lors, comment financer cette réponse humanitaire ? Pour 2023, l’ONU a besoin de 49,6 milliards d’euros pour financer ses besoins. Il s’agira du plus vaste programme humanitaire. Mais problème : en 2022, l’ONU aurait rassemblé seulement 47 % de son appel de fonds contre 60 à 65 % les années précédentes. La générosité des donateurs ne permet pas de répondre à la hausse des besoins. Du côté des États, certains ont tendance à plafonner leurs dépenses en la matière. Le budget des États-Unis, par exemple, ne dépasse pas 0,18 % du revenu national.
Certaines zones, comme l’Afrique, ont subi également la redirection des budgets en la matière vers l’Ukraine. Il est donc nécessaire de maintenir un engagement fort des différents États.
Le changement climatique
Le changement climatique multiplie le risque de catastrophes naturelles, partout dans le monde. Dans un volet du rapport du GIEC de 2021, il est écrit : « Chaque 0,5°C additionnel cause, de manière bien visible, une intensification et une augmentation de la fréquence des extrêmes chaleurs (…), des fortes précipitations tout comme des sécheresses. »
Dès lors, l'humanitaire a un rôle extrêmement important. Il faut, bien sûr, répondre aux grosses crises qui se multiplient, mais également miser sur l’adaptation au changement climatique et la prévention. La thématique oblige à réfléchir en termes de crise, mais aussi en termes de développement dans la durée. Bref, la logique systémique n’a jamais été aussi pertinente qu’avec le changement climatique.
Autre axe important : réparer les dégâts, mais également les prévenir en limitant ses propres émissions de gaz à effet de serre. La RSE s’invite dans les ONG et devient un axe important pour une structure !
Localisation de l’aide humanitaire
Fini l’aide humanitaire sans faire participer la population locale. La localisation de l’aide est un processus collectif dont l’objectif est de ramener des acteurs locaux, la société civile et les citoyens, au cœur du système de la réponse humanitaire. L’idée est de faire participer les acteurs les plus proches du terrain. La proximité avec le terrain permet de gagner en efficacité et également de proposer une démarche plus éthique en redonnant le pouvoir aux acteurs locaux.
Cette démarche concerne bien sûr le développement comme l’aide d’urgence. L’exemple de l’Ukraine est parlant. Un rapport publié en juin 2022 de l’IFRI estimait que l’entrée massive d’ONG internationales risquait « d’affaiblir les institutions ukrainiennes et marginaliser les associations de volontaires locales. »
Des gouvernements limitant la liberté associative
Les ONG françaises sont confrontées à des limitations de leurs activités dans un certain nombre d’États, souvent autoritaires, mais également parfois démocratiques. Le gouvernement malien a récemment annoncé l’interdiction d’exercer pour les associations qui bénéficient de financements français. Cela arrive à la suite de la suspension des aides au développement de la France pour le pays. En Afghanistan, les Talibans ont ordonné aux ONG de ne pas travailler avec des femmes afghanes.
Autre exemple frappant : en Inde, l’arrivée au pouvoir en 2014 de Narendra Modi a provoqué un bouleversement. Des milliers d’ONG étrangères, ou non, ont perdu une licence nécessaire pour recevoir des financements étrangers et ont ainsi dû fermer leurs portes. Les structures doivent exercer dans un contexte se compliquant sans cesse, et parfois faire preuve d’imagination pour continuer de fonctionner.
Insécurité croissante
C’est un fait : les humanitaires travaillent de plus en plus dans un environnement insécuritaire. D’après l’Aid Worker Security Database, le nombre d’incidents serait en hausse dans le monde. En 1997, on recensait 75 personnes décédées, kidnappées ou blessées. Ce chiffre a atteint le pic de 481 en 2019 pour redescendre à 270 en 2022. Ces attaques se concentrent dans certaines zones et touchent particulièrement les travailleurs locaux. Il apparaît donc essentiel de former les équipes et de bien transmettre les procédures en cas de problème important.