Histoire des corporations des artisans
Origine très ancienne puisque nous trouvons traces des premières corporations dans la civilisation grecque qui suivant la loi de Solon donne aux bateliers le droit de se donner des règles si elles ne sont pas contraires aux lois.
Plutarque nous parle chez les romains de collèges d’artisans et de la distribution du peuple par métier, parfois les artisans étaient affectés à des rues spécifiques comme cela existe encore en orient. Sous Servius Tullius, ces corporations qu’on appelait alors des confréries étaient des assemblées organisant des fêtes en l’honneur des dieux. Elles n’avaient pas alors les mêmes droits, ni les mêmes devoirs. Les anglo-saxons et allemands, peuples du Nord, avaient institué des guildes, genre de confréries de type militaire ou de fraternité d’armes donnant lieu à des banquets et réjouissances avec également un coté religieux. Comme les confréries, ces guildes évoluèrent également vers des corporations de marchands et d’artisans.
Les romains très organisés, avec un sens poussé du droit, permirent aux différents métiers de s’organiser et de se donner des règles précises de fonctionnement et d’insertion dans la vie des cités. Il est avéré que les ouvriers romains étaient formés en collèges ou communautés ouvrières : collegium, ancêtre de fait de tout syndicat professionnel. Dès le vie siècle av. J.-C., une communauté des orfèvres est ainsi attestée. La loi les obligeait à transmettre leur état à leurs enfants. Constantin et ses successeurs avaient dispensé des impositions et d’autres charges publiques certains collèges professionnels, parmi lesquels on remarque les charpentiers et couvreurs (tignarii), les constructeurs de navires, les maçons, les menuisiers, etc. Tout porte à croire que ces artisans avaient des coutumes corporatives et qu'ils avaient organisé des cérémonies dont les corporations françaises se sont inspirées1. L’avènement du christianisme revivifia les confréries, elles furent alors associées aux corporations, honorant le saint patron d’un même métier, mettant en valeur la piété et le secours matériel et moral qu’elles se devaient d’apporter aux confrères, s’occupant des vivants et des morts.
Pendant la période Gallo-romaine les corporations et confréries s’enracinèrent plus encore dans les villes.
Puis vint des temps plus sombres. Le déferlement discontinu des peuples venus de l’Est, les disruptions dans l’organisation des états liées aux successions et mésententes des rois mérovingiens ont conduit nos historiens, faute de documents exploitables, à penser que les corporations et confréries avaient disparu.
Mais, s’il est certain qu’elles furent en sommeil, nous les retrouverons sous les carolingiens et dans les capitulaires de Charlemagne qui mentionnent douze confréries de métiers.
Au sortir de la période carolingienne, la monarchie naissance a trouvé les corporations de métiers et leurs confréries encore bien vivantes. Le pouvoir municipal leur avait donné des statuts, la monarchie ne les a pas combattus mais a toujours essayé de les réglementer et d’en tirer profit.